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Le lambeau déplacé latéralement dans le traitement des récessions gingivales localisées


Le traitement des récessions gingivales est indiqué soit pour des raisons esthétiques, soit pour réduire la sensibilité dentinaire ou encore, pour créer ou augmenter le tissu kératinisé. Plusieurs procédures chirurgicales ont été proposées dans la littérature pour recouvrir les récessions. Le lambeau déplacé latéralement est l’une des techniques principales destinées au traitement des récessions gingivales localisées. Le but de cet article est une mise au point sur le lambeau déplacé latéralement à travers des preuves scientifiques.

Introduction


 par Grupe et Warren en 1956, le lambeau déplacé latéralement a été largement utilisé pour le traitement des récessions gingivales localisées (Grupe et Warren 1956). Cette technique consiste à déplacer latéralement par rotation un lambeau pédiculé d’épaisseur totale, préparé au niveau de la dent adjacente à la récession, sur la surface dénudée. L’inconvénient de cette technique est la possibilité de perte osseuse et de l’apparition de récession au niveau du site donneur. 

Historique





Historique Le lambeau déplacé latéralement a été décrit en premier lieu par Grupe et Warren en 1956 (Grupe et Warren 1956). Pour éviter le développement des récessions gingivales au niveau du site donneur, plusieurs méthodes modifiées de Grupe et Warren ont été développées. Ainsi, Staffileno a proposé un décollement en épaisseur partielle du lambeau (Staffileno 1964) [Fig. 1]. Cependant, le lambeau déplacé latéralement en épaisseur totale présente le meilleur pronostic du recouvrement radiculaire (Chambrone 2015). Pteifer et Heller ont rapporté que le réattachement au niveau de la surface radiculaire est meilleur dans les cas de lambeaux d’épaisseur totale par rapport à ceux d’épaisseur partielle. On peut déduire que les lambeaux d’épaisseur totale sont plus adaptés aux cas de recouvrement radiculaire, et que ceux d’épaisseur partielle sont plus adaptés aux cas d’augmentation de gencive kératinisée (Pfeifer et Heller 1971).

 Robinson a proposé l’utilisation de la crête édentée adjacente à la récession comme un site donneur (Robinson 1964). Cette dernière méthode permet de minimiser le risque de récession gingivale au niveau de ce site (Sato 2000). Goldman et coll suggèrent l’utilisation d’un lambeau mixte capable de recouvrir les sites receveur et donneur. Ainsi le site receveur va être recouvert par la portion totale du lambeau et le site donneur par la portion partielle du lambeau [Fig. 2] (Goldman et coll 1964). Pour les mêmes raisons, Grupe en 1966 a proposé de conserver une bande de tissu kératinisé de 1mm au niveau du site donneur (Grupe 1966).

 Cohen et Ross en 1968 introduisent le lambeau bipapillaire comme une modification du lambeau déplacé latéralement pour minimiser l’exposition du site donneur. Dans cette technique, les papilles inter-dentaires adjacentes à la récession sont utilisées pour recouvrir les récessions gingivales localisées. Son utilisation est limitée vu qu’elle nécessite une bonne dextérité du praticien et une longueur et une largeur suffisantes des papilles adjacentes (Cohen et Ross 1968). De plus, cette technique n’est pas très supportée par des preuves scientifiques (De Sanctis et Clementini 2014).

 Une autre modification de cette procédure chirurgicale est le lambeau transpositioné introduit par Bahat et coll en 1990. Cette technique consiste à déplacer un lambeau d’épaisseur partielle préparé au niveau de la papille adjacente à la récession pour recouvrir cette dernière. Elle présente une importante prédictibilité dans le cas des récessions gingivales localisées étroites (Bahat et coll 1990). Elle permet également d’éviter le développement des récessions gingivales au niveau du site donneur, cependant, il nécessite une longueur et une largeur suffisantes de la papille inter-dentaire adjacente à la récession (Sato 2000).

 Plus récemment, Zucchelli (2004) a modifié le désign du lambeau en y incorporant les caractéristiques du lambeau tracté coronairement (Zucchelli et coll 2004). Cette technique a permis l’obtention d’un taux de recouvrement de 96 % et d’un taux de recouvrement radiculaire complet de 80 % (Zucchelli et coll 2012).



Fig. 1a : Récession gingivale classe III de Miller au niveau de la 33 Fig. 1b : Lambeau déplacé latéralement d’épaisseur partielle préparé au niveau de la 32 et la 31 avec mise en place d’un greffon conjonctif





Fig. 1c : Lambeau déplacé latéralement d’épaisseur partielle préparé au niveau de la 32 et la 31 avec mise en place d’un greffon conjonctif Fig. 1d : Cicatrisation 1 an après la chirurgie



Indications 

(De Sanctis et Clementini 2014, Sato 2000) 

  • Récession gingivale limitée à une ou deux dents 
  • Récession gingivale étroite (ex. région antérieure mandibulaire)
Contre-Indications 

(Sato 2000, Pini Prato et coll 1995)




  •  Insuffisance de gencive kératinisée au niveau du site donneur adjacent (hauteur et épaisseur). 
  • Corticale osseuse fine ou présence de déhiscence ou de fenestration osseuse au niveau du site donneur adjacent. 
  • Localisation vestibulée de la dent en cause 
  • Perte osseuse inter-proximale importante au niveau de la zone adjacente.
  • Récessions gingivales multiples
  • Vestibule peu profond



 Efficacité Clinique



2a. Récession gingivale classe II de Miller de 5mm au niveau de la 24 2b. 

Lambeau déplacé latéralemnt d’épaisseur mixte préparé au niveau de la 12 et la 13 L’utilisation du lambeau déplacé latéralement dans le traitement des récessions gingivales est une technique simple avec une bonne prédictibilité du recouvrement radiculaire dans les cas de récessions localisées classes I et II de Miller. Durant ces dernières décennies, le développement et les résultats cliniques des autres techniques de recouvrement radiculaire (lambeau tracté coronairement, greffe conjonctive et techniques régénératrices) a diminué l’intérêt du lambeau déplacé latéralement (Chambrone 2015). Les études cliniques concernant le lambeau déplacé latéralement sont très limitées (Zucchelli et Mounssif 2015). Santana et coll, dans un essai clinique randomisé et controlé, ont trouvé que le lambeau déplacé latéralement aboutit aux mêmes résultats cliniques que le lambeau tracté coronairement dans les cas de récessions gingivales de classe I de Miller. De plus, l’augmentation de gencive kératinisée était plus importante avec le lambeau déplacé latéralement. Dans cet essai clinique, un suivi de 6 mois a montré un taux de recouvrement radiculaire de 95,5% et un taux de recouvrement radiculaire complet de 83,3% (Santana et coll 2010). Guinard et Caffesse ont rapporté la possibilité de récession gingivale post-opératoire au niveau du site donneur avec une moyenne de 1 mm (Guinard et Cafesse 1978). Dans une autre étude menée sur 32 patients avec des récessions gingivales localisées classes I ou II de Miller, Chambrone et Chambrone ont rapporté un taux de recouvrement radiculaire de 93,8% et un taux de recouvrement radiculaire complet de 62.5% (Chambrone et Chambrone 2009). 



Cicatrisation 1 an après la chirurgie

Conclusion

En chirurgie plastique parodontale, différentes options sont disponibles pour le traitement des récessions gingivales donnant des résultats cliniques variables. Parmis ces options, le lambeau déplacé latéralement constitue une procédure chirurgicale destinée au traitement des récessions gingivales localisées. Une parfaite connaissance de la technique, de ses indications ainsi que de ces limites semble être primordiale pour obtenir de bons résultats thérapeutiques sans oublier l’expérience et la dextérité de l’opérateur.


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